Bilan
À l’issue de cet inventaire de quelques pistes d’action, on peut s’interroger. Quand nous constatons que des rues de quartiers ou de villages sont en mauvais état - stérilisées ou transformées en route - les « reconquérir » est-il possible, tant les tâches pour les rééquilibrer paraissent multiples ? Il faudrait notamment :
- rééquilibrer le partage modal de ces rues au profit de la marche et du vélo, redonner de la place dans la rue aux déplacements actifs, et construire un système global cohérent de déplacement qui offre réellement des alternatives à l’usage de la voiture,
- rééquilibrer le partage frontal de ces rues au profit des riverains, leur redonner des marges de manoeuvre, retracer les lignes de frontages, concevoir des architectures riveraines souples et robustes permettant des deuxièmes chantiers,
- rééquilibrer le partage de la production de l’habitat en favorisant une part d’autoproduction de l’habitat et des rues : savoir accueillir les deuxièmes chantiers riverains des rues, rédiger des règles souples et robustes pour les encadrer, et redonner des capacités d’actions spontanées aux habitants en les accompagnant.
Pour s’encourager, on pourrait se donner des défis, et se fixer des objectifs stimulants, ceux auxquels sont parvenus des quartiers ou des villes qui peuvent nous servir d’exemple :
- « partage modal 50/50 » = faire en sorte que les déplacements en voitures ne représentent pas plus de 50 % des déplacements dans un système urbain, le reste des déplacements étant alors actifs et en transports en commun,
- « partage frontal 50/50 » = faire en sorte que les déplacements et les stationnements n’occupent pas plus 50 % de l’espace de la rue, le reste des rues étant consacrées aux frontages privés et publics « actifs ».
Cela implique des décisions collectives, à grande échelle.
Pour ne pas se décourager, on peut constater qu’il ne s’agit pas là d’un préalable, et que l’on peut immédiatement agir localement, et expérimenter sans relâche, partout où les circonstances le permettent : à chaque fois il s’agit simplement d’une rue, d’un morceau de quartier ou de village. Il s’agit de ce qui est devant notre porte.
C’est à notre portée, nous pouvons améliorer concrètement la situation par petites touches, si l’on s’y autorise, et pour cela quelques principes pourraient nous guider :
- Principe des ruisseaux : partir des ruisseaux pour former les rivières. Toutes les sources comptent. Prendre soin de toutes les initiatives, des potentiels, des deuxièmes chantiers, quelques dérisoires qu’ils puissent paraître.
- Principe de l’étagère : concevoir les architectures riveraines un peu comme des étagères qui se remplissent, avec des frontages appropriables pour accueillir les deuxièmes chantiers.
- Principe du jardinier : une fois préparé le terrain, prendre soin des processus spontanés. Les accueillir, les accompagner. Incitations, médiations, arbitrages : un travail de jardinier.
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